BFMTV.com – Juin 2017
Clem pour TF1, Lucie Lucas s’est confiée à BFMTV.com pour évoquer son combat pour l’écologie, notamment en soutenant l’association Fermes d’avenir.
Une chaleur accablante cogne sur les Bois de Vincennes en ce 21 juin. Mais c’est pourtant dans ces conditions que Lucie Lucas et l’équipe de Clem tournent ce jour-là une scène censée se dérouler en automne pour les besoins de la saison 8 de la série phare de TF1. Entre deux scènes sous le soleil, la comédienne de 31 ans a accordé (à l’ombre) un entretien à BFMTV.com pour évoquer cette nouvelle saison, mais surtout pour parler de son implication dans les projets écologiques, son soutien à l’association Fermes d’avenir et sa volonté de créer un écovillage. Rencontre avec une comédienne responsable.
- Qu’est-ce qui a provoqué en vous l’envie de vous intéresser à l’écologie et de soutenir le projet de l’association Fermes d’avenir, qui vise à sensibiliser les gens à l’agro-écologie ?
Régulièrement, mes filles me disaient: « Il n’y a plus telle chose, il faut en racheter ». Elles étaient toujours dans l’idée de racheter plutôt que de remplacer. Elles ont un niveau de vie facile. Moi, mes parents m’ont élevée avec peu, ce qui m’a permis d’être plus ancrée dans la réalité tout de suite. Donc je me disais, si elles sont déjà très « consommatrices » et qu’en plus, elles ne se rendent pas compte de la chance qu’elles ont, je ne vais pas en faire de jolies personnes, ça m’a angoissée. J’ai besoin de leur transmettre quelque chose d’autre et j’avais moi-même besoin de vivre autre chose. Avec mon mari, on a donc décidé de créer un écovillage. On veut partir vivre à la campagne pour devenir les plus autonomes possibles. Mais dans un écovillage, l’idée n’est pas d’être tout seul. Au contraire, c’est de réunir plusieurs personnes partageant les mêmes valeurs, qui seront complémentaires. Il y a aussi l’idée de prendre le temps de vivre, et pour ça, il ne faut pas être écrasé par le poids du travail, même agricole. - Qu’est-ce qui vous séduit dans la permaculture et dans les idées que défend l’association Fermes d’avenir ?
Fermes d’avenir et la permaculture, c’est un système assez génial. Car c’est l’idée d’accepter que la nature est extrêmement bien faite, que chaque chose a plusieurs fonctions. Par exemple, une plante peut avoir des vertus médicinales, des vertus nourricières, servir de répulsif pour les nuisibles, etc. C’est faire en sorte que l’homme devienne plus humble, soit une sorte de gardien, mais ne soit plus interventionniste en permanence. C’est vraiment tout le contraire de ce qu’on a vécu ces cent dernières années. C’est aussi une philosophie de vie que l’on peut appliquer à tout, pas qu’à son jardin. En France, on est assez en retard par rapport aux Américains, aux Australiens ou aux Québécois. Pourtant, on est le premier pays agricole en Europe, donc c’est important de s’y mettre maintenant. Ce mouvement écologique de permaculture, que défend Fermes d’avenir, favorise également l’emploi, il permet moins d’inégalité, une meilleure santé… Ça a un énorme impact sur tout le système. Ce n’est pas seulement moins de pollution, c’est aussi avoir une meilleure vie. - On vous sent très engagée…
Oui, car c’est le contraire de l’individualisme dans le sens où, dès qu’on entre dans cette communauté, il y a une véritable solidarité. C’est aussi l’idée d’envisager la vie autrement. Au lieu d’être stressée tout le temps de mon avenir, de ma carrière, là, j’assure mon avenir d’une autre façon. Je m’enlève complètement le stress. Si ça ne marche plus pour moi, si je retombe dans l’anonymat, ce n’est pas grave, j’aurai de quoi manger, vivre, mon énergie. Rien n’est plus important. Donc c’est aussi pour s’enlever cette pression-là. On en a tellement dans ce métier. - Est-ce important pour vous que votre notoriété serve à faire passer ces messages ?
C’est le seul intérêt de ma notoriété! Je n’ai jamais voulu être connue et j’ai une notoriété particulièrement lourde à porter, car je suis connue grâce à une série familiale qui passe en prime-time sur TF1 et touche énormément de monde. Mais le seul intérêt de cette notoriété, c’est de pouvoir la mettre au service de causes qui me tiennent à cœur. Même si c’est à une petite échelle, on sent une possibilité d’impact. - Aimeriez-vous aller encore plus loin dans votre engagement écologique ?
C’est important de s’engager quand on est vraiment sûr de soi. Je m’en suis bien rendue compte sur les réseaux sociaux. Si tu n’es pas compétente sur ton sujet, tu te fais avoir et tu dessers ta cause, parce qu’on te décrédibilise et ta cause également. En revanche, je ne pense pas faire de politique, car il me paraît difficile de rester vraiment intègre et je n’imposerai pas ça à ma famille. Mais avant d’être comédienne, j’ai vraiment hésité à devenir avocat dans l’humanitaire. Il arrivera un moment où je vais sans doute plus axer mes activités sur le social et l’écologie que sur ma carrière d’actrice. Et puis ça se ré-inversera peut-être. De toute façon, j’ai besoin de cycles, de savoir que je ne suis pas enfermée dans quelque chose. - Fermes d’avenir prépare le 1er Tour de France dédié à l’agro-écologie et la permaculture cet été. Vous verra-t-on lors de quelques étapes ?
Comme je tourne beaucoup, je ne pourrai pas être là à toutes les étapes. Je sais que Nicolas Hulot sera présent lors d’une étape, donc j’aimerais bien être là aussi. - Son retour en politique comme Ministre de la Transition écologique est-il une bonne nouvelle pour l’écologie selon vous ?
Oui. En revanche, même si je trouve qu’Emmanuel Macron a de grandes qualités, notamment de sympathie – je trouve qu’il est indétestable -, ça m’a fait un énorme coup au moral que l’écologie soit aussi peu présente lors de la campagne présidentielle. J’étais contente que Nicolas Hulot se retrouve dans un ministère important, mais j’attends de voir. J’espère qu’il pourra faire des choses concrètes. - Vous êtes actuellement en plein tournage de la série Clem pour TF1. Comment vivez-vous le tournage de cette 8ème saison ?
J’adore cette série, ce personnage, mes collègues de travail. Cette année, on s’amuse bien. Il y a eu un vrai renouveau scénaristique. On restructure tout, on arrête le format de 90 minutes et la prochaine saison se composera de 10 épisodes de 52 minutes. C’est complètement différent. On prépare une vraie belle saison. Clem est de plus en plus femme, elle n’est plus du tout ado. Avec Alyzée, il va leur arriver un truc très dur (une agression, NDLR). Clem va avoir un déclic pour ne plus subir les choses et devenir véritablement actrice de sa vie. - Aimez-vous l’évolution que prend votre personnage ?
Oui, on en a beaucoup parlé avec les scénaristes cette année, on est très consultés et ils nous ont écoutés. Et puis, il y a tout le temps des échos entre Clem et ma vie. Soit c’est elle qui fait d’abord, soit c’est moi, mais quoiqu’il arrive, on se suit, c’est vraiment très marrant. Par exemple, mon envie de partir à la campagne est arrivée deux mois avant que je lise le scénario de Clem qui, dans la saison 6, part s’installer à la campagne pour faire du maraîchage bio… (rires) - Faire de la télé complique-t-il vos envies de faire du cinéma ?
J’ai énormément de chance, mais il y a un pendant dans cette chance-là, c’est le risque d’être enfermé. Malgré tout, on a une nouvelle génération de producteurs pour qui être dans une série est une qualité. Ils se rendent compte que les gens qui regardent ces programmes TV sont contents d’aller les retrouver au cinéma aussi. - Vous avez tourné Porto, un film produit notamment par Jim Jarmusch. Verra-t-on prochainement le film dans les salles ?
Porto va sortir partout dans le monde cette année, sauf en France pour le moment. C’est dommage, car ce film d’auteur me permettait de faire un vrai grand écart. Je me suis éclatée à le faire, c’était une expérience magique. Il y avait très peu de budget et là, on travaillait vraiment pour l’art! C’est un beau film, même s’il est douloureux aussi car j’ai perdu mon partenaire (l’acteur Anton Yelchin, mort dans un accident avec sa voiture en 2016, NDLR). C’était horrible… C’était un acteur extraordinaire. Sortir ce film en France serait aussi l’occasion de lui rendre hommage. - Percer au cinéma à l’étranger est aussi une de vos priorités ?
De façon générale, je suis très tournée vers les Anglo-Saxons, car on me donne plus ma chance là-bas. En France, faire 6 millions de téléspectateurs à la télé, ça ne compte pas. Mais chez les Anglo-Saxons, ça compte! - Et en dehors de Clem, aimez-vous regarder d’autres séries ?
Je suis très Netflix. Je regarde aussi bien The Get Down, même si la série s’arrête, que Sense 8, qui s’arrête aussi d’ailleurs et pour laquelle j’ai carrément signé la pétition pour la sauver parce que j’adore. Mais il y a aussi Stranger Things, The OA. Mes séries préférées, ce sont Shameless, My Name is Earl et Friends dont je ne pourrai jamais me lasser. Je revois même les séries que j’aime, je suis un peu geek (rires.)
par Fabien MORIN